Présentation – Le Doubs Franco-Suisse

De Morteau à Bremoncourt

Le cours de la rivière est varié et n’a jamais été chenalisé: des sections en canyons alternent avec des sections en bassins périodiquement alimenté par des arrivées karstiques. Le lit mineur, large de 30 à 50 mètres, hormis au niveau des grands barrages, a globalement conservé sa morphologie naturelle sur l’essentiel de son cours amont, souvent en fond de vallée boisée. Le fond du lit est hétérogène. Ces caractéristiques confèrent au Doubs un fort potentiel biologique, mais le contexte karstique le rend vulnérable à d’éventuelles pollutions des nappes qui alimentent les sources.

Le Doubs n’est plus une rivière sauvage : Son régime hydrologique et la qualité de son eau sont marqués par l’anthropisation ; la naturalité du cours et la continuité écologique sont notamment altérées par trois barrages hydroélectriques (Barrage du Châtelot ; Barrage du refrain et Barrage de la Goule). On y constate aussi la disparition de certains embâcles naturels, une modification de température et ? ou ? de la dynamique sédimentaire. La qualité de l’eau y est dégradée par plusieurs macro et micro polluants.

La rivière est considérée comme « à truite et à ombre » et abrite une espèce endémique et patrimoniale du Sud-Est de la France : l’Apron du Rhône (1). Plusieurs espèces y sont observées : truites fario, brochets, ombres, perches…, mais en densité encore éloignée du potentiel écologique théorique du cours d’eau.

Comme dans la Loue (affluent du Doubs), plusieurs épisodes de mortalité massive de poissons ont été constatés, particulièrement au printemps 2010 avec une mortalité importante de truites et en janvier 2011 avec de nombreuses espèces touchées.

Une étude a permis d’identifier 12 espèces de poissons présents en 2011 dans les 3 stations françaises. Par contre l’Apron, qui était encore capturé (par Verneaux au début des années 1970 durant sa thèse de doctorat sur les sites de Goumois (France), de Clairbief (Suisse) et Des Rosées (Suisse), n’est plus retrouvé sur le Doubs frontière en France, mais est encore présent à un niveau très bas dans la boucle suisse du Doubs.

Concernant la truite, l’ONEMA conclue en 2011 à une population déséquilibrée en termes de classes d’âge (déficit des juvéniles (1+) mais également d’adultes de plus de 5 ans », avec régression des grands individus (> 51 cm) L’ONEMA s’inquiète aussi d’une forte régression des petites espèces (Loche franche, vandoise et vairon) ainsi que sur la disparition d’ombres adultes sur la partie Goumois – Clairebief.

Doubs franco-suisse
Apron du Rhône (Zingel Asper). Espèce classée « En danger critique d’extinction » par l’UICN.

Sur cette partie du Doubs, le collectif SOS/LRC en association avec les AAPPMA et les fédérations Suisses et Françaises a déjà réalisé un important travail pour déclencher une prise de conscience des administrations à travers la création d’un groupe de travail binational.

La plainte déposée au Conseil de l’Europe contre les Etats suisse et français, en association avec les ONGs Suisses, Pronatura, WWF et la fédération Suisse de pêche (pour non-respect de la convention de Berne vis-à-vis de l’Apron(1) a permis de faire bouger les choses.

Concernant le régime hydrologique des barrages, un nouveau règlement d’eau est entré en vigueur en Décembre 2014 avec des mortalités d’alevins par échouage en nette régression. Il reste encore des améliorations importantes à réaliser sur le tronçon Chatelôt-Biaufond mais le dossier avance avec les engagements des usiniers et des administrations des deux pays à mettre en œuvre des mesures constructives complémentaires.

Au niveau de la qualité de l’eau, le « PLAN NATIONAL POUR LE DOUBS » suisse permet d’envisager des améliorations sur les traitements des eaux domestiques avec d’importants financements concernant les STEP les plus importantes.

Côté Français la dynamique engagée de l’autre côté de la frontière semble pousser l’administration à traiter plus rapidement les points noirs les plus impactants.

Néanmoins le collectif a dénoncé dernièrement par un communiqué de presse le fait que le sauvetage du Doubs n’avance pas au bon rythme.

  • Pour l’agriculture : les processus d’adaptations aux contraintes environnementales sont longs à mettre en œuvre.
    • -Côté français des mesures courageuses mais limitées sont en cours, qui commenceront à produire des effets au mieux dans 3 à 5 ans. Mais la fin des quotas laitiers et les ambitions d’exportation des fromages AOP restent une menace d’échec pour les efforts entrepris.
    • -Côté suisse et principalement sur le Doubs, nous percevons que cette prise de conscience n’est pas encore suffisante Ce qui retarde le démarrage des processus d’évolution parallèle avec celle des plateaux français.
  • Pour les toxiques : La démarche des autorités françaises vise à réduire à la source les toxiques, donc elle exclue pour l’instant d’investir en moyens technologiques de traitements. Or cette démarche confiée aux chambres de Commerce et d’Industrie (les CCI) n’a produit aucune mesure concrète de réduction des polluants notamment pour l’arrêt du traitement des grumes en forêt. Dans cette démarche l’Etat n’exerce en rien son pouvoir régalien dans ce domaine. Il faut également dire que l’agence de bassin Rhône Méditerranée Corse et l’Etat minimisent la présence et le rôle des toxiques dans les rivières. Ce qui peut s’expliquer par le contrôle du Comité de Pilotage des Agences de bassin à 75 % par le monde agricole et industriel. Le collectif poursuit son travail avec les ONGs Suisses sur tous ces sujets et particulièrement sur les toxiques, des informations vous seront données régulièrement à travers le site.

 

 

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