L’intensification de l’agriculture : cause N°1 de la dégradation des rivières selon une longue étude scientifique franc-comtoise

C’est une étude commencée en juillet 2012 qui prend fin avec la publication de la synthèse grand public que nous vous partageons en bas de cet article.

Intitulée « Étude de l’état de santé des rivières karstiques en relation avec les pressions anthropiques sur leurs bassins versants« , cette étude réalisée par le laboratoire Chrono-Environnement de l’Université de Franche Comté a été co-financée par la région Bourgogne-Franche-Comté, le département du Doubs et l’agence de l’eau.

De nombreux objectifs

Les objectifs de ce travail, mené sur la Loue en tant que cours d’eau caractéristique et représentatif des rivières karstiques, étaient de définir l’état de la rivière, d’identifier les contaminants présents et de hiérarchiser leurs impacts. Ces objectifs sont représentés dans le schéma ci-dessous.

source : Étude de l’état de santé des rivières karstiques en relation avec les pressions anthropiques sur leurs bassins versants

Des dysfonctionnements établis

Les dysfonctionnements ont évidemment été vérifiés, constatés. La biodiversité s’effondre, chiffres à l’appui :

  • Moins de poissons : de l’ordre de 50 à 80 %.
  • Moins d’espèces d’éphémères, de plécoptères, et de trichoptères : de l’ordre de 25 à 50 %
  • Baisse de la quantité d’éphémères, de plécoptères, et de trichoptères et d’autres organismes aquatiques consommateurs de végétaux souffre : de l’ordre de 50 à 80 %
  • D’importants développements algaux colmatant les fonds
  • Densification des herbiers
source : Étude de l’état de santé des rivières karstiques en relation avec les pressions anthropiques sur leurs bassins versants

Des causes connues et hiérarchisées

Ce sont sept causes qui sont mises en évidence. Hiérarchisées selon leur impact, les deux principales sont directement liées à l’intensification des pratiques agricoles : excès d’azote, accroissements des teneurs en bicarbonates, contaminations multiples par des produits phytosanitaire, des biocides et des substances actives issues des médicaments vétérinaires.

En 2017, Michel Foltete, Président de l’Union agricole comtoise et président de la commission environnement à la chambre d’agriculture, disait «On ne peut pas s’affranchir des soucis environnementaux, particulièrement sur notre sol karstique fragile et surtout dans le Comté, produit naturel issu du terroir ! N’ignorons pas la pollution de nos rivières, même si les agriculteurs font office de boucs-émissaires devant ce problème multifactoriel. On a notre part de responsabilités, ni plus, ni moins, mais ne nous braquons pas. Nous devons respecter les sols et adapter nos pratiques à leur potentiel agronomique. La nature fait bien les choses : amener plus d’éléments nutritifs que nécessaire conduit l’homme à des problèmes de santé. C’est pareil pour la terre. Les agriculteurs avancent, il y a de nouveaux comportements qui s’installent, il faut poursuivre dans cette voie.»

source Avenir du Comté : 5 scénarios pour comprendre (janvier 2017)

L’argument du multifactoriel ne peut plus tenir

Étude après étude, (voir notre dernier article en date du 4 mai 2020 « Quand la science démontre que les lisiers polluent nos rivières), l’impact majeur de l’agriculture sur la biodiversité de nos rivières est montrée et démontrée. Il est urgent que la profession agricole change ses pratiques drastiquement. Au regard des avancées scientifiques, personne ne peut plus se cacher derrière l’argument d’une pollution d’origine « multifactorielle » pour justifier un attentisme coupable.

Les scientifiques à l’origine de l’étude proposent plusieurs solutions. Parmi celles-ci, on notera : le besoin, vital, d’une prise de conscience sociétale, et d’une prise de conscience de la profession agricole.

Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. La profession agricole doit adapter ses pratiques à la réalité environnementale.

Les documents de l’étude

Télécharger la synthèse grand public (13 pages) en cliquant ici

Synthèse-Grand-Public-Fev-2020

Télécharger la synthèse détaillée (47 pages) en cliquant ici.

Bilan-synthétique-du-programme-Fev-2020

2 réflexions sur “L’intensification de l’agriculture : cause N°1 de la dégradation des rivières selon une longue étude scientifique franc-comtoise”

  1. Les conclusions de cette étude sont édifiantes en ce qu’elles ciblent l’impact des pollutions agricoles liées à l’intensification des pratiques. Difficile d’imaginer les impacts cumulés quand ces pratiques s’accompagnent dans certains bassins du territoire national d’atteintes majeures à l’hydromorphologie des cours d’eau et zones humides associées !

  2. Merci beaucoup pour votre engagement et le partage de toutes ces informations. D’autres territoires vivent en décalage des problèmes similaires. Cette étude risque de faire référence notamment dans des régions du sud de la France.

Répondre à Florian Caravéo Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.