Le bois, un matériau pas toujours écologique.
Démonstration vidéo.
Avant son utilisation en bois d’œuvre, le bois, à l’heure actuelle, subit de multiples traitements chimiques:
- traitement insecticide par les sylviculteurs sur les zones de stockage en forêt: cela est répandu sur quelques semaines en mai et août où les futs peuvent subir l’attaque de scolytes.
- traitement en scierie pour tenter de garantir une résistance aux attaques d’insectes lors de leur utilisation future en bois d’œuvre (charpente…)
- traitement à base de xylophène notamment par tout un chacun qui souhaite protéger régulièrement, pour ne pas dire abusivement et sa terrasse en bois et ses poutres extérieures et ses portes de garages et sa barque de pêche en bois…
Tous ces produits finissent par ruisseler dans les eaux souterraines et superficielles. Des études montrent que, par exemple, même dans une scierie aux normes et située en bord de rivière les atteintes sur la microfaune sont majeures. La vidéo réalisée par Michaël Prochàzka avec André Rousselet et Philippe Boisson est éloquente à ce sujet :
Car ces produits sont très nocifs pour ce qui constitue les invertébrés de nos rivières. Ces invertébrés (larves, gammares (petites crevettes)…) vivent sur le fond des cours d’eau et assurent toute une partie de l‘autoépuration des rivières notamment pour les polluants organiques (azote et phosphore d’origine agricole et domestique). Ils sont par contre très sensibles aux pollutions chimiques qui sont une des principales causes de leur déclin.
La baisse des populations d’invertébrés participe ainsi de façon significative aux phénomènes d’eutrophisation(prolifération algale) par cette diminution d’auto-épuration des rivières.
Pour être exhaustif, même si c’est inquiétant, il faut aussi préciser que les traitements du bois ne sont pas les seuls toxiques en cause : les pollutions industrielles, les rejets domestiques et agricoles chargés en hormones, antibiotiques et autres phytosanitaires ont largement leur rôle. D’autant qu’en matière d’épuration industrielle et domestique, malgré les efforts fournis sur certains secteurs, les stations actuelles sont très peu efficaces sur ces molécules (voir à ce sujet nos propositions en matière d’épuration). En matière agricole on s’intéresse assez peu à tout ce que peuvent contenir les effluents d’élevages notamment liquides en dehors de l’azote et du phosphore alors qu’antibiotiques, antiparasitaires et produits de lavage finissent dans les cuves de stockage avant épandage. Avant l’apparition de traitements chimiques, le bois possédait des qualités de durabilité tout-à-fait satisfaisantes, certaines charpentes des fermes du Haut-Doubs qui ont plus de 200 ans en sont la preuve. Et pourtant il s’agit de sapin ou d’épicéa. Pour ce faire, l’abattage et sa mise en forme nécessitaient des précautions: coupe du bois en période de sève descendante, pas de coupe au moment critique des scolytes, durée de séchage respectée, respect des formes des fûts dans leur utilisation future pour conserver leurs propriétés mécaniques… Tout ça a permis à des constructions très anciennes d’être encore debout sans avoir été rongées par une horde sanguinaire de parasites et autres champignons !
Dans l’immédiat des pistes sont à explorer en priorité:
interdire les coupes d’arbres au moment des attaques de scolytes ce qui, de facto, évitera le recours aux traitements en forêt. développer les solutions alternatives aux traitements des bois d’œuvre (ces traitements n’étant pas la panacée en terme de durabilité d’ailleurs)
favoriser une approche des coupes d’arbres plus respectueuses des périodes favorables à l’abattage quitte à développer et tracer des filières spécifiques pour ces fûts.