Ce sont des images qu’on ne voudrait plus voir depuis des années. Et on vous explique pourquoi ! Merci de lire cet article en entier pour vous faire un avis.
Novembre et Décembre 2023 : longue liste d’épandages sur neige ou sur sols détrempés par période de fortes pluies dans le Haut-Doubs. Nous entendons déjà ceux qui nous diront que cela ne concerne qu’1% des pratiques agricoles, ou ceux qui se dédouaneront, comme certains l’ont fait mercredi dernier, en disant, « aucune prise de l’AOP sur ces épandages sur neige car il s’agit d’une réglementation générale ». Certes, mais se dédouaner ne règlera pas le problème et nous, c’est le problème que nous voulons régler. (Important : nous ne donnons pas les lieux précis de ces épandages car notre but n’est pas de pointer du doigt telle ou telle personne mais bien de critiquer un système qui participe fortement à l’agonie des rivières comtoises !)
Ces nitrates (lisier = engrais = azote minéral) épandus en plein hiver finissent inexorablement dans les rivières. Et évidemment, au collectif SOS Loue et Rivières Comtoises, ça nous désespère.
On sait bien, et depuis longtemps, que les causes de pollution des rivières sont multifactorielles. D’ailleurs, au collectif SOS Loue et Rivières Comtoises, nous l’avons dit et répété autant que faire se peut. Mais on sait aussi désormais, étude Nutrikarst à l’appui, que les apports de nutriments dans les rivières (Azote et Phosphate) sont d’origine agricole à 90% (source, ici page 174 et ci-dessous). Du coup, si on veut arranger l’état des rivières, il faut quand même bien que le dossier agricole, aussi sensible soit-il, soit mis sur la table.
Déjà en 1994 (!!!), ce document édité par la région Franche-Comté (voir les deux photos ci-dessous) proposait une solution pour réduire la prolifération des algues dans les rivières comtoises : « réduire les volumes de lisiers et respecter les bonnes pratiques d’épandages ».
30 ans après, quel bilan pouvons-nous en tirer ? Qui a encouragé autant d’exploitations à passer au lisier ? Certainement pas nous.
C’est une évidence pour nous mais on va le rappeler : le lisier est une bombe pour les rivières karstiques ! Et les rivières, c’est notre sujet au collectif SOS Loue et Rivières Comtoises. Donc nous ne pouvons évidemment pas nous taire. Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on sait que le lisier peut s’avérer catastrophique et pire encore, avec le dérèglement climatique, les fenêtres propices à l’épandage de cet azote minéral (à l’effet bien plus dévastateur que le fumier) se réduisent comme peau de chagrin !
Cette année 2023, avec les sécheresses consécutives pendant des mois, il n’y a presque pas eu de « bons moments » pour épandre le lisier (dixit le technicien de la chambre d’agriculture du Doubs). Et ceci explique qu’on arrive en novembre et décembre avec des fosses à lisier pleines.
Sommes-nous prêts, collectivement, à continuer d’acter, en connaissance de causes, ce choix fait au détriment de l’environnement ? Faut-il nécessairement sacrifier les rivières comtoises au nom du sacrosaint LISIER ?
Il faut noter que la pédagogie et la prévention ne suffiront pas, c’est notamment pour cela que le collectif SOS Loue et Rivières Comtoises exige depuis toujours l’instauration d’une date officielle d’arrêt des épandages d’effluents liquides à l’automne. À ceux qui nous rétorqueront que ce n’est pas si simple que ça, le cadre réglementaire permettant l’instauration d’une telle obligation existe : c’est la Directive Nitrates adoptée en 1991 par l’Union Européenne.
Et pour le lisier, d’autres solutions existent comme le séparateur de phase, et pourquoi pas l’export des lisiers dans des endroits où on continue d’acheter des engrais chimiques ? Après tout, pourquoi pas ? Mettons toutes les solutions possibles sur la table. Parce que oui, à la base, le lisier est un engrais au fort pouvoir (la preuve en est donnée par la pousse des algues dans les rivières, ça a le mérite d’être un engrais efficace !!). Le lisier devrait donc être considéré comme une richesse potentielle et non pas comme un déchet. Car en effet, pour rappel, en hiver, les plantes n’ont pas besoin de lisiers car sauf exception, elles ne poussent pas !
Épandre en plein hiver, c’est se débarrasser d’une « richesse » (lisier = engrais) qui se transforme ALORS en déchets dont il faut se débarrasser à tout PRIX, quitte à faire N’IMPORTE QUOI comme épandre sur la neige, sur de sols complètement détrempés, avant de grosses averses, voire carrément de nuit (« pour pas que les écolos nous voient« , si vous saviez combien de fois des agriculteurs nous ont dit ça…), etc…
Mais ce prix-là, ce sont les rivières qui le paye.
Et tant que les rivières comtoises seront à l’agonie, le collectif SOS Loue et Rivières Comtoises portera leur voix.
Pour aller plus loin
Fiche – LA METHANISATION DES LISIERS N’EST PAS UNE SOLUTION AUX EXCES D’AZOTE
Et si pour Noël vous souteniez les rivières comtoises ?