Vous retrouverez sous cette galerie de photos, trois parties pour traiter du délicat sujet du marnage.
- Dangers pour la biodiversité
- Marnages et perspectives d’avenir
- Pistes de réflexion
1.Dangers pour la biodiversité
Jouer avec les variations de hauteurs d’eau n’est pas anodin dans une retenue telle que la Goule. Les dangers liés aux baisses de niveau ont des impacts très importants pour la biodiversité, en général, sachant que le risque s’est intensifié en raison du fort comblement de la retenue ces dernières années. Ce comblement a pour incidences directes, l’augmentation, des zones peu profondes, tout le long de la retenue.
Le problème est que ces zones peu profondes, toutes situées à l’interface entre le monde aquatique et le monde aérien sont à la fois les plus attractives et les plus riches en biodiversité.
Dans la partie aérienne des zones humides, on trouve à la Goule d’importantes populations bien connues des botanistes de fritillaires pintade. Cette plante, strictement protégée a vu ses populations se réduire, considérablement, suite à la destruction des zones humides en France et en Europe. Son existence sur cette retenue ne tient que par sa position stratégique en zone humide. Une modification de hauteur des nappes d’eau (en plus ou en moins) constitue une menace grave et directe.
Impact sur la faune aquatique : Parmi les victimes potentielles, on pense bien entendu en premier aux poissons. Ces zones sont stratégiques pour le développement de toutes les espèces. Elles servent de frayères, de refuges et d’alimentation indispensables au développement de la vie aquatique.
Un marnage plus important avec asséchement de ces zones sensibles, aurait pour conséquence, une perte importante du potentiel halieutique et de la biodiversité en général avec des risques directs, piégeage des poissons, ou indirects, avec l’assèchement des frayères.
Mais les poissons ne sont pas les seules victimes potentielles des marnages en zones humides :
La reproduction à tous les stades des batraciens, avec l’incubation des œufs, et le développement des têtards qui durent plusieurs mois à partir du printemps est fortement menacée. Assécher ces zones de reproduction, d’une extrême richesse, va faire littéralement exploser ce type de perte alors que certaines de ces espèces sont menacées et protégées.
Le bras mort du Lac en rive droite est en outre l’un des derniers foyers intéressants de population de moules d’eau douce (Anodontes) que nous ayons pu répertorier. Un assèchement de ces zones constitue une menace importante pour cette espèce.
2. Marnages et perspectives d’avenir
De la même manière que la Retenue de Biaufond, la Goule se comble de sédiments sur toute sa superficie, pour exemple, ce que les anciens appelaient « le Trou de la Marie », profond de quelques 8 mètres n’en fait plus que 2. Hormis les veines d’eau principales dans l’ancien lit du Doubs, la tendance est la même partout (photos ci-dessous).
La nature a fait que ces zones ont été colonisées par toutes les espèces et en a fait des foyers de vie d’une grande richesse que l’essai d’abaissement à -80 cm mettra obligatoirement en péril, plus ou moins grave, suivant la période de l’année.
La pérennisation, de cette cote, aura pour conséquence, une atteinte considérable de la biodiversité de cette retenue. Nous demandons une concertation totale, comme pour Biaufond, avec les associations de pêches et les ONG environnementales pour que nos constatations de terrain alimentent les réflexions.
3. Pistes de réflexion
Quel intérêt à vouloir sacrifier la Goule ??? : En plus de l’impact supplémentaire que l’on s’apprête à faire subir à cette retenue, amortir les éclusées n’offre que très peu d’intérêt sachant que les précieux secteurs amonts que sont le Refrain et à fortiori les Graviers sont condamnés à continuer de subir de plein fouet les éclusées non démodulables et leurs lots de mortalités associées.
Nous sommes conscients des progrès réalisés ces dernières années avec notamment la démodulation qui protège une grande partie de l’année le Doubs en aval de la Goule. Seul reste le problème des éclusées non démodulables en période intermédiaire. Mais pourquoi vouloir massacrer des réservoirs biologiques, de grande importance écologique, pour ne protéger que partiellement le secteur, aval, du Doubs Franco-Suisse ?
Compte tenu du comblement inexorable des retenues, nous jugeons ce projet totalement illogique et ne proposant pas d’améliorations durables dans le temps. De la même manière que l’on a réussi à atténuer les impacts des éclusées du Châtelot en les limitant en périodes sèches, pourquoi ne pas, à l’inverse lors des périodes à tendance humide, réfléchir à des turbinages adaptés depuis l’usine du Châtelot.
AAPMA La FRANCO SUISSE et Gorges du Doubs.