Vous retrouverez, sous cette galerie de photos une présentation générale de la Loue ainsi qu’un résumé du travail du collectif sur cette rivière.
La Loue est une rivière issue d’un système karstique remarquable et complexe dans la zone des plateaux calcaires autour du cours amont du Doubs. Les pertes de cette rivière au niveau de la commune d’Arçon sont, au moins en partie, à l’origine de la célèbre résurgence de la source de la Loue.
L’eutrophisation de la rivière pénalise la reproduction et la croissance des espèces typiques de cette partie de la Loue et réduit la productivité biologique. L’ensemble des pollutions d’origine anthropique : azote, phosphore, pesticides contribuent à cette évolution négative et perturbent la productivité naturelle d’une chaine alimentaire équilibrée et performante qui était la marque de qualité de cette rivière.
Une segmentation du cours de la rivière par les barrages limite les possibilités de migration des espèces et favorise le réchauffement dans les retenues.(47 barrages sur les 125 km du cours d’eau ) Cependant des travaux récents tentent de rétablir cette continuité écologique nécessaire à la survie d’une espèce emblématique comme l’Apron, endémique de la Loue, classé sur la liste rouge des espèces en danger de disparition. La construction de plusieurs passes à poissons doit permettre de reconnecter des populations isolées pour favoriser la reproduction. Un plan national d’action devrait contribuer à cet objectif. Ces ouvrages profiteront aussi aux autres espèces.
En basse Loue un projet de restauration écologique du lit majeur est cité en exemple par le guide méthodologique du Grenelle concernant la trame verte et bleue; il viserait à restaurer un espace de mobilité minimal et un espace de mobilité fonctionnel « fuseau de divagation» (mesurant jusqu’à 1 km de large) de part et d’autre du cours d’eau afin qu’il puisse retrouver un comportement hydro-morphologique et écologique plus normal. Dans ce cadre, les digues de protections de berges existantes devraient être supprimées à court terme pour restaurer les processus hydrodynamiques naturels (érosion, dépôts…).Entre le pont de Belmont et le pont de Parcey soit environ 10 km cet « espace de liberté » a déjà été proposé par le Contrat de rivière mais se heurte au morcellement du cadastre et à l’opposition de certains agriculteurs.
Bien que bien classée en cours d’eau de première catégorie, de réservoir biologique et considérée comme bénéficiant d’une bonne qualité de l’eau (sur la base des paramètres classiquement mesurés), la Loue semble subir depuis 2010 une « pollution catastrophique » d’origine inconnue (mortalités piscicoles de Truites et Ombres et moindrement de Chabots et Loches franches constatées entre Lods et Quingey . Des ONG et pêcheurs accusent des « rejets d’élevage agricoles, des piscicultures et des eaux usées urbaines »
Les experts abandonnent la piste de la responsabilité des cyanobactéries tout en considérant qu’elles peuvent être un bio indicateur de dysfonctionnement écologique de la Loue. Ils notent également des taux trop élevés de phosphore et de nitrates dont ils demandent « à ce que soient identifiées au plus vite les principales sources (…) afin de prendre des mesures adaptées pour les maîtriser »
De la Loue glorieuse des années 70 reconnue et célébrées par tout un monde halieutique , on est passé en trente ans à une rivière malade, qui a perdu son attractivité internationale et son économie liée au tourisme pêche.
Des scientifiques, des experts, des administrations, des collectivités territoriales des syndicats, des associations se retrouvent chaque année sous la présidence du Préfet dans une Conférence Loue qui fait le diagnostic et propose des mesures : la maladie est multifactorielle et la guérison demandera beaucoup de temps !
Le travail du collectif sur la Loue
En exploitant les analyses journalières de l’eau de la Loue au captage de Chenecey, le collectif a pu démontrer la responsabilité très élevée de l’agriculture dans l’explosion de l’eutrophisation.
Ce travail a permis cette profession d’ouvrir les yeux et de dépasser son déni et la prise de conscience du CG 25 de l’importance des pollutions agricoles.
La plainte européenne « Apron » qui concerne La Loue et le Doubs franco-suisse, précédée de la plainte de la DGE contre l’Etat français consécutivement à notre recours gracieux, constituent depuis trois ans un formidable moyen de pression sur l’Etat français et les élus.
La sortie du nouveau décret sur le traitement des eaux usées qui devient un outil très important; le remplacement du déplorable « indice IBGN » par l’indice I2M2. Localement la révision du RSD 25 et la réécriture des règles de rejets des STEPs en zone karstiques pour le 25, la mise en place de stations de mesures en continu des polluants sur plusieurs rivières, sont tous des outils plus performants à mettre au compte de ces pressions juridiques internationales que nous avons construites au prix d’un travail considérable. Une troisième action juridique auprès de la DGE de Bruxelles est en préparation qui, si elle aboutit comme nous le souhaitons, aura une portée encore plus grande pour l’ensemble des rivières françaises (en métropole et ultramarines)
Pour les micropolluants un travail est en cours confié aux CCI. Mais l’engagement des autorités n’est pas à la hauteur du problème. Nous attendons avec impatience la publication des études du Chrono Environnement sur ce domaine. LRC va prochainement produire des résultats de mesures faites sur le Doubs suisse et franco-suisse, qui auront une portée générale et le même effet que notre étude sur la part de l’agriculture dans l’eutrophisation.
Ces outils obtenus vont produire des résultats dans les années à venir si nous savons maintenir et amplifier notre pression sans faiblir. La Loue, comme les autres rivières karstiques comtoises, en bénéficieront.
A ce stade la Loue comme les autres rivières, malgré quelques STEPs nouvelles, continue de souffrir des polluants et de plus en plus du réchauffement des eaux qui exacerbe les autres agressions. Le reméandrement de sa basse vallée n’avance plus et constitue une grave pénalisation du potentiel de la ressource eau et du potentiel biologique des 40 km concernés. Paradoxalement les bénévoles ont manqué sur ce vaste territoire pour mener des opérations Points Noirs comme elles ont pu être conduites sur des rivières plus modestes (Dessoubre et Gland).
Nous allons renforcer notre collaboration avec FNE-FC et avec les ONG du Jura pour construire ce réseau indispensable de vigies locales formées et actives en relais du travail de dossiers pour couvrir efficacement ce vaste territoire qui en a tant besoin.
Pour en savoir plus
Apron voir http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/PNA%20Apron%20Final.pdf