Pourquoi les rivières comtoises ont besoin de sols agricoles sains?
Dans cette vidéo très abordable de 43 minutes sur francetvinfo (cliquer ici pour voir la vidéo), vous trouverez un reportage sur le couple Bourguignon et de quoi tout comprendre sur la problématique des sols. Les Bourguignon, spécialistes des sols, ont d’abord travaillé à l’INRA (Institut National de Recherche Agronomique) puis ont décidé de se mettre à leur compte considérant que les objectifs de l’INRA ne répondait pas aux impératifs de gestion durable des sols mais répondait à des logiques trop intensivistes et peu respectueuses des sols.
Ils accordent beaucoup d’importance à maintenir vivants les sols notamment grâce aux microorganismes.
Une autre vidéo plus courte sur le couple Bourguignon pour les plus pressés. Mais l’une n’empêche pas l’autre!
Pourquoi le Collectif s’intéresse à la gestion des sols agricoles?
- L’intensification à l’origine de pollutions.
Les pollutions des rivières comtoises ont diverses origines dont une bonne partie d’origine agricole. On sait que l’intensification des pratiques agricoles en zone d’élevage sur les plateaux du massif jurassien est en bonne partie à l’origine de cette part agricole (concentration des élevages, intensification fourragère, haute production laitière, recours aux compléments alimentaires…). Même si l’AOP Comté notamment permet de limiter certains excès.
L’intensification des pratiques sur les prairies (fauches plus nombreuses, fertilisation azotée minérale (engrais, lisier…), retournement de prairies…) répond à un objectif: augmenter la quantité et la valeur nutritive du fourrage pour augmenter la production laitière. L’agrandissement et la modernisation des fermes ont parfois accentué ce phénomène par l’endettement généré. Une logique productiviste dominante a fait le reste. Sans oublier que ce ne sont pas toujours les agriculteurs qui bénéficient le plus de ces excès mais ceux qui vendent les intrants, les compléments alimentaires, le matériel, et ceux qui font les prêts aux agriculteurs…
- Les prairies sont donc aussi touchées par la dégradation des sols
On pourrait croire que seules les grandes régions céréalières ou viticoles sont touchées par la dégradation des sols. Premièrement il persiste des surfaces en céréales même sur les plateaux. Deuxièment, les prairies de fauche jurassiennes sont aussi fortement impactées par ce phénomène. D’autant plus dans les zones karstiques jurassiennes où il s’agit de sols peu épais donc fragiles.
L’intensification laitière a fortement dégradé la diversité floristique des prairies, partie visible de l’iceberg car les sols eux-aussi sont très dégradés: perte de matière organique, perte de rétention d’eau, perte des microorganismes. Derrière ces termes techniques, c’est tout simplement les sols qui perdent leur capacité à produire naturellement. Une fois dégradés ces sols doivent donc être toujours plus « stimulés », fertilisés, pour continuer à produire. Les fertilisants utilisés finissent pour partie immanquablement dans les rivières et sont à l’origine de pollution.
- L’intensification qui dégrade les sols et leur capacité à produire. Ou des sols sains pour une agriculture respectueuse.
On se rend donc compte que si l’on veut revenir à des pratiques plus respectueuses de l’environnement, il faudra certes mieux valoriser financièrement le lait produit ( la baisse de l’intensification induisant une baisse des volumes de lait produit donc des revenus potentiels si le lait n’est pas mieux rémunéré) mais il faudra aussi, en dehors de logique intensive, redonner aux sols la capacité de produire le maximum de fourrage avec le minimum de fertilisants donc avoir des sols vivants « autonomes ». Ce sera un gain de productivité gratuit ou presque et écologique. Et c’est sur ce point que les spécialistes des sols ont et auront toute leur place.