Après les crues de ce mois de janvier 2018, les « laisses de crues » sont des résidus en tout genre qui se retrouvent dans les zones inondées. Il s’agit bien sûr du lit majeur des rivières mais aussi malheureusement de zones habitées ou les caves et même les habitations des personnes qui occupent ces terrains sont dégradées par la montée des eaux. Pour identifier l’origine de ces résidus qui peuvent être toxiques, il est difficile de procéder à des analyses chimiques ou biologiques. Ils se présentent souvent sous la forme d’une mousse collante , ou d’une pellicule gluante.
Le meilleur appareil de détection est assurément le système olfactif….
Mode d’emploi:
Prélever une noix de cette mousse et la frotter entre ses paumes, approcher le nez au plus près… et inhaler lentement :
– si dominante pétrole : cuve de mazout noyée, hydrocarbures aromatiques polycycliques (résidus de combustion du mazout/gas oil = HAP cancérigène)
– si dominante lessive : tuyaux d’évacuation et fosses septiques noyées (détergents et surfactants toxiques )
– si dominante matière organique fermentée : STEP (station d’épuration ) noyée, réseau rincé, lisier, purin et le reste ( surcharge en bactéries pathogènes )
– l’ensemble de ces « arômes » sont adsorbés sur des matières organiques (protéines)
Tout le lit majeur des rivières inondées (ou des remontées de nappes) est crépi de ce mélange odorant et adhésif,,donc l’identification peut être délicate ! Mais leur toxicité est certaine.
A vos expériences olfactives nouvelles , il n’y a pas que le savagnin !
Pour la faune aquatique on a fort peu de données sur les effets toxiques pour la simple raison que personne ne procède à des prélèvements, car face à l’urgence, les actions qui sont les plus indispensables sont d’abord l’entraide et la solidarité, puis les déclarations aux assurances…
Et puis analyser quelle eau ? Celle du courant principal ou celles des remontées de nappe, des reflux des égouts, des inondations de caves ?
La turbidité, les matières en suspension (MES ), les irisations d’hydrocarbures en surface, les matières organiques de toutes origines, les mousses de nature indéterminées, et tous les déchets flottants sont autant de signes de pollutions majeures.
Mais la collectivité compte sur les courants violents pour évacuer ces dangers vers l’aval et confier au milieu marin le soin de digérer tout ces apports grâce au volume du milieu récepteur.
Les poissons et la faune des invertébrés semblent résister à ce déferlement puisque on retrouve, lors du retour aux débits moyens, une répartition « normale » entre zone à truite, zone à ombre, zone à barbeau et zone à brème…..
sauf que : les limites mobiles et imprécises de ces zones évoluent vers l’amont des cours d’eau au fil des années. Le réchauffement climatique est aussi suspecté de participer à cette évolution pour une moyenne de température de +1°C des eaux continentales.
Jean-Pierre Hérold
Photo © Philippe Boisson. Le Lot à Mende après une forte crue