L’avenir de l’eau : prise de conscience ET de responsabilité

Par JP Herold

Il ne fait plus de doute que le réchauffement climatique est en cours et s’aggrave. Nos sociétés devront s’adapter. La plupart des secteurs d’activités économiques régionales (agriculture, forêt, tourisme, industries, loisirs,…) seront impactés avec des productions ou des activités en difficulté.

🚰 L’alimentation en eau potable est déjà en tension comme lors des derniers étés plus secs et plus chauds : 2018, 2019, 2020.

2022,  le Doubs ne coule plus en aval de Pontarlier, et le saut du Doubs , une référence, est à sec depuis juin ! Les étiages de toutes les rivières de Franche-Comté se prolongent et la ressource devient problématique. En juin 2022, les autorités préfectorales alertent sur le manque de la recharge des nappes souterraines, lesquelles sont à des niveaux encore inférieurs à la moyenne du mois de juillet historique de 2003. La situation hydrologique est donc préoccupante et les débits des cours d’eau ne cessent de diminuer. Les départements 25 et 90 sont classés en situation d’alerte.

🚰 Des mesures de restriction de l’usage de l’eau visent toutes les catégories d’usagers. Déjà les eaux de certains réseaux d’alimentation ne sont plus consommables !  comme dans 15 communes du Jura.

Lancer les politiques de sobriété et d’efficacité est maintenant une urgence pour développer des plans d’adaptations individuels et collectifs afin de vivre et produire avec moins d’eau.

Des constats sans appel :

 ➡️ L’agriculture aurait dû être en tête des mesures préventives. Une grande part de la recherche agronomique est restée orientée sur des mesures marginales d’économie d’eau visant le maintien du modèle agricole productiviste grand consommateur d’eau. Les travaux de drainage, la destruction des haies, des talus, des zones humides, la rectification de ruisseaux, le développement des arrosages, et la culture de plantes gourmandes en eau et en pesticides sont encore d’actualités dans notre région alors que leurs conséquences sur la ressource en eau sont désastreuses… et connues.

 ➡️ Les réseaux d’alimentation en eau potable qui sont souvent de véritables passoires gaspillent 20 à 30% de la ressource. Les réseaux de collecte des eaux usées sont aussi en cause :  réseaux vétustes, incomplets,  stations d’épuration défaillantes qui sont autant d’éléments de dégradation de la qualité de l’eau et de son gaspillage.

 ➡️ Le fait de ne pas réagir rapidement mettra en difficulté des activités économiques régionales par manque d’eau de qualité. La limite de résilience des milieux aquatiques va être dépassée par des assecs plus fréquents et plus longs , donc une pénurie d’eau est probable. Ce qui n’empêche pas la probabilité d’inondations graves lors d’épisodes de pluies torrentielles ou de tornades exceptionnelles.

Les constats puis les pressions des scientifiques et des associations n’ont pas réussi à convaincre des erreurs du passé. Les quelques changements annoncés ne sont pas  à la hauteur des enjeux, il est alors urgent de :

mettre en œuvre un plan d’envergure en faveur de la ressource eau, avec une large implication de la société civile et des milieux professionnels, un plan ambitieux qui mettra en place des solutions durables .

Un plan et des actions concrètes dont :

  •  ➡️ Un programme de sobriété/efficacité dans l’utilisation de l’eau. Des potentiels très importants d’économie  existent dans les secteurs de l’habitat, de l’industrie, du commerce, de l’agriculture… Le recours à des ressources nouvelles devra être précédé par des économies d’eau et par la reconquête des nombreux puits de captage et fontaines abandonnés à la suite de pollutions locales injustement tolérées, c’est ainsi qu’il est possible de renforcer l’ autonomie locale qui responsabilise les habitants des communes. 
  • ➡️ Une tarification de l’eau fortement incitative : l’eau a un coût , donc elle a un prix. Un prix dégressif à la sur-consommation est une mauvaise décision.
  •  ➡️ La fin de l’artificialisation des sols pour mieux permettre l’infiltration de l’eau dans les nappes qui doivent être préservées.
  •  ➡️ La protection et la restauration de l’ensemble des écosystèmes aquatiques de la région, dont les zones humides et les tourbières. Leurs fonctions est double – le stockage de l’eau en hiver et sa restitution en été, avec comme effet bénéfique la réduction des pollutions à l’azote, au phosphore et aux pesticides dangereux pour la santé. Donc la nécessité de surveiller aussi la pérennité des périmètres de protection et les bandes enherbées le long des cours d’eau. 
  •  ➡️ La décision de ne pas aggraver la situation par des fausses bonnes solutions comme  les retenues collinaires , et l’urgence de supprimer les drainages profonds des plaines alluviales qui vident les nappes d’accompagnement.
  •  ➡️ le retour à des variétés et des espèces de céréales  peu gourmandes en eau : halte au maïs. Le maintien d’une belle biodiversité des prairies : halte à la culture d’herbe.
  • ➡️ la lutte contre la pollution chimique des eaux de surface et souterraines. 

Si vous approuvez cette analyse et ces propositions : diffusez cet article dans vos réseaux et auprès des élus de votre circonscription !


Pour aller plus loin : Podcast : Comment lutter contre la sécheresse

Vu ce 12 juillet sur lemonde.fr : https://www.lemonde.fr/climat/article/2022/07/12/climat-comment-lutter-contre-la-secheresse_6134447_1652612.html

Attention, si vous écoutez ce podcast : Rectificatif : contrairement à ce qui est affirmé dans l’épisode c’est 1,5 % de l’eau consommé qui est utilisée pour l’irrigation, et non 9 %. Cette utilisation concerne 8 % des terres cultivées en France.