Là où coulait une rivière

31 juillet 2022 – Parcours de la Piquette sur la Loue. On parle ici d’un des meilleurs parcours d’Europe pour la pêche à la mouche ! Mais ça, c’était avant… Une histoire dont les plus jeunes ont entendu parlé mais ont du mal à croire. Et pourtant, comme me le rappelait récemment un interlocuteur au téléphone, les rivières ont un pouvoir de résilience extraordinaire. Si nous arrêtions de les prendre pour des égouts, elles se relèveraient très vite. Encore faut-il leur en donner la chance.

La Piquette – Crédit Photo : Ben Blaze – Facebook

Point de situation par JP Herold

Cet été 2022,  les évènements climatiques sont identifiés par trois canicules et par des étiages extraordinaires qui ont fait souffrir les hommes, la végétation et aussi les rivières :  

  • certaines sont totalement à sec comme le Doubs en aval de Pontarlier,  d’autres sont en étiage exceptionnel  …. 
  • des températures supérieures à 27° ont été relevées en basse Loue, et plus de 25° en moyenne Loue, seule la haute vallée a été en partie épargnée. Ces températures élevées sont mortelles pour certaines espèces aquatiques d’eau froide, et même des poissons comme le Chabot ont subi des mortalités: c’est un signal de perturbations graves.
  • les niveaux très bas, dus aux débits inférieurs à 4m3/s ont entraîné le dépôt puis la fermentation des algues filamenteuses, ainsi que l’assèchement de grandes surfaces de gravières ou de tufs. Sur les “nassis” découverts, des végétaux non aquatiques se sont développés à la place des mousses fontinalis. Toute la microfaune des interstices a péri.
  • les biologistes ont mis en évidence la perte énorme de biomasse : tous les invertébrés, vers, mollusques, crustacés, larves d’éphémères, et de trichoptères sont touchés d’une façon ou d’une autre.

La biodiversité des espèces  diminue au profit d’espèces banales, escargots d’eau et gammares qui survivent.

Les secteurs de faible profondeur sont colonisés par des cyanophycées, espèces d’algues qui contiennent des toxines et donc peuvent intoxiquer les animaux qui les consomment ou les humains qui sont en contact.

En conséquence, toutes les activités aquatiques ont été temporairement interdites :  baignades, canoë , et surtout la consommation de poisson, mais la pêche devrait aussi être totalement interdite dans toutes ces rivières qui souffrent. .

La situation des ressources en eau est déclarée en « alerte renforcée » par le Préfet du Doubs dès la fin juillet.  


Restrictions d’eau

Pendant qu’on envoie la police de l’environnement contrôler des arrosages et des lavages de voitures, il ne faut pas oublier qu’en vrai, c’est toute la politique de l’eau qui est à revoir.

Car si on peut y voir un début de « guerre de l’eau » qui va mener à des tensions de plus en plus fortes entre professionnels et particuliers d’une part et entre particuliers d’autre part (parce que c’est clair que c’est énervant de voir son voisin laver sa voiture ou remplir sa piscine quand toi, tu te prives même d’arroser ton jardin !) mais cela ressemble étrangement aux fameux petits gestes (Souvenez-vous, fin mai, quand Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique disait « on va envoyer derrière un mail un peu rigolo à nos amis avec une pièce jointe, et on aura consommé beaucoup plus d’énergie« ) avec des échelles de grandeur qui n’ont aucune commune mesure…

Il semblerait utile de rappeler aussi souvent que possible

  • d’où vient l’eau qui nous arrive au robinet !
  • Où repart l’eau une fois « consommée » (après la douche, les WC, les lessives, etc…).
  • Et le lien entre ces eaux et les rivières…

Plus qu’utile, INDISPENSABLE.

Pour illustrer cette guerre d’usages qui ne fait que commencer, deux exemples tirés de l’actualité très récente :

Jura – Nettoyage de Canoés Kayaks au Karcher au bord de l’Ain
Doubs – Nettoyage de toit au Karcher à 50m de la Loue

Concernant ces nettoyages de toit, en plus d’utiliser de l’eau pendant toute la journée en plein cagnard, avec, comme toile de fond, un champ brûlé et des arbres morts, il y est régulièrement ajouté des produits de type anti-mousse / démoussage /biocide. Dans le cas de la photo, la Loue est à 50 mètres…

Des AAPPMA locales tentent parfois d’intervenir avec la gendarmerie. A certains endroits, il a même été imposé aux entreprises intervenantes, de récupérer les eaux polluées de ruissellement au niveau des chêneaux dans une cuve ! Mais que font les entreprises du contenu de la cuve pollué par les produits toxiques pour la faune et la flore ?

Il semble qu’il n’y ait pas vraiment de réglementation sur ce sujet ce qui représente pour l’ensemble des chantiers une pollution considérable par ces produits anti mousse, aussi nocifs les produits de traitements du bois. Les bidons comportent tous des étiquettes au standard européen indiquant la toxicité pour le vivant faune et flore.

Nous avons alerté, il y a une paire d’années déjà, sur le sujet sans aucun retour….


Autres actualités

Parce qu’on arrive pas à traiter tous les sujets, trop nombreux, voici une petite revue de presse si vous avez manqué ces informations :

Jura – Cyanobactérie à Belmont ==> https://www.leprogres.fr/environnement/2022/07/27/son-chien-intoxique-aux-cyanobacteries-il-alerte-sur-la-pollution-de-la-loue

Doubs – Cyanobactéries à Ornans ==> https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/doubs/cyanobacteries-dans-la-loue-canoe-et-activites-nautiques-limitees-par-arrete-municipal-a-ornans-2588888.html

Nous étions présent le 20 juillet au rassemblement à la source de l’Ain ==> https://actu.fr/bourgogne-franche-comte/conte_39165/conte-rassemblement-citoyen-a-la-source-de-l-ain-pour-alerter-sur-la-qualite-de-l-eau_52611855.html


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