Pollution à SALINS-LES-BAINS : La mer commence ici

Le 2 septembre 2023, plus de 300 poissons mourraient en plein centre de Salins-les-Bains (39), victimes de notre inconscience collective. Revenons sur cette affaire qui illustre un problème bien plus vaste !

AGENDA : Le collectif SOS Loue et Rivières Comtoises sera à Salins-les-Bains le vendredi 20 octobre à 20h, salle du Poupet (Mairie) pour donner la conférence « Agonie des Rivières Comtoises : pêcher capital » Plus d’informations sur l’évènement ici.

Un lien avec le comice ? Et après ?

Si vous êtes en train de lire cet article, il y a de fortes chances pour que le sort des rivières comtoises vous intéresse, de près ou de loin. Vous avez donc certainement entendu parler de la grosse pollution qui a coûté la vie a des centaines de poissons le samedi 2 septembre 2023 à Salins Les Bains dans la Furieuse, affluent de la Loue ?

Nous avions largement relayé l’information sur les réseaux sociaux.

Un lien avec le grand comice agricole, qui se tenait en ville le même jour juste en amont et où plus de 200 animaux (vaches et chevaux) ont été lavés au dessus des caniveaux, est évidemment plus que probable. MAIS.

Mais une fois qu’on a dit ça, on n’a rien dit. Car, malgré la simplification qui a pu être faite par certains observateurs, il ne sert à rien de blâmer l’agriculture ici ! Il aurait pu tout aussi bien s’agir d’un rassemblement de motos/de voitures qu’on aurait lavé au dessus du caniveau et le résultat aurait été, quasiment, le même.

Car le problème est bien là, dans ce mot « CANIVEAU ». Nous sommes majoritairement tout à fait inconscients (au sens où nous n’en avons même pas conscience) du devenir de ce que nos activités humaines rejettent dans le caniveau.

BREF : Savez-vous où vont les eaux pluviales, chargées de tous nos polluants (hydrocarbures, déchets, cigarettes …) une fois qu’elles ont passé la grille du caniveau ?

© Radio France – Bertrand Pidance

La réponse est évidente même si on y pense rarement : les eaux pluviales rejoignent les cours d’eau. A Salins, toutes les eaux des caniveaux sont directement parties dans la Furieuse sans aucun traitement, aucune épuration avec le résultat catastrophique que nous avons tous pu constater sur la faune aquatique. Conséquence par ailleurs aggravée par le très faible débit du cours d’eau en pleine sécheresse de 2023 !

Du caniveau à la mer : un problème général et pas qu’à SALINS !

Et oui, surprise ! Il n’y a pas qu’à Salins qu’on rejette tout et n’importe quoi dans l’avaloir des caniveaux ….!! (comme d’ailleurs, dans les toilettes, vu ce qu’on retrouve dans les réseaux et dans les STEP mais c’est encore un autre sujet)

Et ce n’est certainement pas un filet comme celui installé le mois dernier en Haute-Saône sur la Colombine (voir image ci-dessous) qui va régler le problème. On peut même oser parler de maladaptation ! Car certes, ce filet va garder les gros déchets… mais quid de tout ce qui passe à travers : pollution routière, salage, traitement des toits, désherbants, restes de pot de peinture, lavage de voitures ou encore … shampoings, bouses et urines des comices agricoles ??

Pourrait-on imaginer un traitement des eaux pluviales avant leur rejet ? On est encore loin des banquettes végétalisées « tampons », comme zones de rejets à l’étiage qui pourraient pourtant être réalisées dans le cadre GEMAPI derrière chaque sortie de tuyau dans chaque rivière (on peut toujours rêver, non ?).

Comme excuse, c’est vrai qu’il y a toujours un doute sur le type de réseau… et si c’est de l’unitaire , tous ces « déchets » rejoindront a priori la station d’épuration (STEP). Cette fameuse « STEP » qui donne « bonne conscience » à tous et dont beaucoup croient qu’elle résout tout et nous permet tous les rejets possibles et imaginables à la maison ! (On ne parlera pas ici des déversoirs d’orage, ni des pics de pollutions des rivières après lessivage…)

Finalement, les responsables du comice de Salins-Les-Bains sont dans la moyenne en n’ayant pas anticipé les rejets et leurs conséquences. Qui l’auraient anticipé parmi nous ? Certes, ils ont, en une seule fois, générer trop de pollution pour que les poissons s’en sortent. Et du coup, ça se  voit et on sait d’où ça vient. La vision des poissons morts étant le seul signe encore capable « d’émouvoir ». Mais puisque « Gouverner, c’est prévoir ; et ne rien prévoir, c’est courir à sa perte. », réveillons nos responsables pour éviter la prochaine pollution.

Et n’oublions pas : nous sommes tous concernés car TOUTES les rivières comtoises : la Furieuse, la Loue, le Doubs, l’Ain, le Dessoubre, la Seille, l’Ognon, la Rêverotte, …. commencent en bas de chez nous.

Des questions, des précisions ? Ecrivez-nous à info@soslrc.com