La pénurie d’eau rencontrée dans le Haut-Doubs en cet hiver 2016-2017 n’est pas que le fait du hasard. Le dérèglement du climat et surtout la disparition des zones humides y participent grandement. L’abandon de technique de stockage dignes de ce nom pour des motifs économiques peu avouables notamment se doit d’être réétudié pour permettre de pallier à ces épisodes de disette en eau.
Histoire d’eau dans le Haut Doubs
Où comment la pénurie n’arrive pas que par hasard ! Et que la logique économique l’emporte sur une gestion durable et innovante.
Depuis les temps anciens, les fermes du Haut Doubs, récupéraient l’eau des toits et la stockaient dans des citernes enterrées et implantées à côté des bâtiments. Cette pratique permettait de subvenir aux besoins en eau de façon autonome. C’était aussi un moyen de prévenir le manque d’eau récurent sur le deuxième et troisième plateau, du aux périodes de sécheresse qui se produisaient au cours des mois d’été.
Le monde a changé il est vrai. Aujourd’hui dans un contexte marqué par le dérèglement climatique qui voit se succéder des périodes de pluies intenses et de sécheresse sévère, l’eau dont la quantité n’a globalement pas diminué sur la planète, n’est pas forcément disponible pour la nature et l’homme au moment où ils en auraient le plus besoin. En parallèle, on observe une disparition de la réponse naturelle à la sécheresse que constituaient les zones humides. Il est utile de rappeler que les zones humides jouent un rôle de tampon des crues et de soutien des étiages. Les haies dans les champs, pour la plupart aujourd’hui disparues, évitaient l’érosion des sols et facilitaient la pénétration de l’eau dans les nappes phréatiques.
La gestion de l’eau
Mais qu’en est-il aujourd’hui de la gestion de l’eau alors que la demande en eau est toujours plus importante dans le Haut Doubs avec le boom immobilier.
La question devient alors plus ardue car les communes ont souvent confié la gestion de l’eau à des opérateurs privés ou se retrouvent dans les mêmes problématiques lorsqu’elles gèrent tout ou partie de leur eau. Des réseaux ont été construits, des interconnexions installées, des stations d’épuration fort justement construites, le tout à grand renfort d’emprunts et de subventions. Les opérateurs ou régies ont donc intérêt à facturer chaque litre d’eau afin de rentabiliser le système, de rembourser les emprunts au plus vite voire de dégager du profit en ce qui concerne les opérateurs privés très implantés sur les plateaux… Les autorités sanitaires fournissent leur caution morale, pour des raisons de sécurité sanitaire, à cette organisation de distribution alors que de nombreux usages non humains ne nécessitent pas de l’eau potable certifiée et distribuée par les opérateurs. Toutes choses qui s’opposent à une logique de stockage individuel notamment…
A l’heure où l’opérateur privé GAZ et EAUX commence à annoncer des pénuries et demande à rationner la consommation notamment dans la région de Morteau, l’absence de politique concertée et globale de récupération des eaux de pluie se fait sentir. Certes l’eau de pluie n’est pas taxée (et n’a pas vocation à l’être), certes les factures d’eau financent l’épuration des eaux usées (mais d’autres moyens plus déconnectés de la consommation existent) mais les pratiques ancestrales de stockage d’eau devraient pourtant nous inspirer pour tracer un chemin novateur.
Car la volonté politique (et les moyens financiers) de stockage de l’eau existe quand il s’agit de réserves d’eau pour les canons à neige au sommet de montagne du Jura ! Mais alors que les hommes et les animaux d’élevage vont manquer d’eau régulièrement à l’avenir, on ne nous propose que de pomper davantage lorsque les besoins ne peuvent être couverts (il existe des dérogations aux prélèvements maximaux dans ces cas). Et l’on s’assoit alors sur les milieux aquatiques…
Dans le cadre du Développement Durable, il faut arrêter de regarder le monde par le petit bout de la lorgnette et il faudra bien dans l’avenir, multiplier les initiatives de récupération de l’eau de pluie pendant qu’il en tombe encore suffisamment.
Nous n’oublions pas pour autant que le meilleur stockage reste celui des zones humides si souvent mises en avant sur les plaquettes environnementales mais trop souvent malmenées dès les 1ers besoins en terrains constructibles… En zone calcaire, les zones humides et les haies sont les meilleures nappes phréatiques… Tout sujet bien connu qui nécessite ses mesures propres et spécifiques réclamées de longue date et qui ne sont pas l’objet spécifique de ce communiqué…
Innovons !
Concernant le stockage il est urgent d’intervenir et d’innover :
- Stockage intelligent de l’eau à l’échelle individuelle ou collective. Ce stockage devra être déconnecté du milieu naturel pour éviter les nuisances sur les milieux aquatiques(réchauffement de l’eau, espèces invasives..).
- Utilisation spécifique de ses réserves « stratégiques » d’eau de façon à les réserver en priorité à périodes de sécheresse de façon à ce que ses réserves soient pleines aux moments critiques et éviter leur utilisation en périodes « d’abondance en eau ».
- Développement de nouvelles formes de redevance sur l’eau pour mieux dissocier consommation et épuration de façon à maintenir les efforts d’épuration des eaux usées et de maintenir une participation de tous à cet effort.
Cela ne peut se faire, idéalement, qu’en s’affranchissant de logique comptable où chaque litre consommé est forcément générateur de profits. C’est la gestion de l’eau qu’il faut revoir… en parallèle de la sauvegarde de nos zones humides. Car citernes et autres réservoirs, si ils peuvent limiter les prélèvements et fournir de l’eau en périodes d’étiage, ne remplaceront les volumes stockés dans nos zones humides.
Vous pouvez télécharger ce document en cliquant ici ==> Comm presse – Pénurie eau hiver 2016-17
Il existe une disparité importante du prix du mètre-cube d’eau vendu par les différents fournisseurs des communes aux consommateurs selon leur situation géographique et administrative ( régie ou prestataire ) . Qui peut donner la fourchette des tarifs ?