Restauration du ruisseau Notre-Dame (70) : d’un excès à l’autre !

De quoi s’agit-il ?

À partir des années 1960, la majorité des ruisseaux (notamment en Haute-Saône) ont fait l’objet de travaux de recalibrages et de rectifications. Le but était d’évacuer l’eau le plus rapidement possible… exactement l’inverse d’aujourd’hui ! Les appauvrissements biologiques (poissons, invertébrés ) par uniformisation et diminution de la lame d’eau ont été, à l’époque, considérables , et le sont restés !

Le ruisseau Notre Dame, affluent de la REIGNE, véritable « petite Loue », sur ce bassin du Haut-OGNON, n’y a pas échappé. Même sur son secteur forestier, des travaux de drainages ont été réalisés, et le ruisseau a été affecté d’un tracé rectiligne sur un linéaire boisé d’environ 1km, autrefois occupé par 2 étangs.

C’est ce linéaire (photo 1 avant travaux) qui devait faire l’objet d’une « renaturation ».

PHOTO 1 « avant travaux : linéaire boisé rectiligne »

Certaines parties de ce ruisseaux, à l’aval du site,  sont, par contre, visiblement toujours restées vierges de toute intervention humaine (photos 2 et 3). Ces secteurs auraient dû évidemment servir de « référence » pour l’objectif à atteindre. On y constate que le lit est 1,5m de large environ  et l’incision jusqu’à 80cm.

PHOTOS 2 et 3 : Secteurs vierges devant servir  « d’ objectif à atteindre » 

Le résultat obtenu après travaux représenté sur les 2 photos suivantes est complètement différent de cet objectif de référence ! On est en effet passé de l’excès « d’évacuation » de l’eau des années 60  à un excès « de rétention »  !!

C’est sans doute une bonne chose en terme d’hydrologie et de zone humide, bien que le profil en « entonnoir » sur de la marne étanche va rapidement vider les « trop pleins » et ne va pas recharger grand-chose (et sûrement pas la nappe !) .

ET « LES POISSONS » garants du « BON ETAT » ENCORE OUBLIES !

Mais cette opération «d’  hydraulique inversée » s’est faite une fois de plus au détriment du ruisseau, qui n’a plus de profondeurs, plus aucune diversité, plus d’habitats et donc, plus aucun fonctionnement biologique. (Alors que souches, troncs, arbres et tous les matériaux ligneux étaient disponibles sur place !) Le petit « lit guide » rectangulaire et constant de 30cm/20cm s’ est avéré totalement sous dimensionné et beaucoup trop uniforme. De plus,  l’érosion est trop peu active  sur ce ruisseau de nature peu morphogène  pour espérer une évolution notoirement positive.

On est donc très loin de la référence à obtenir des photos 1 et 2 ou du schéma de profil en travers donné comme objectif par l’étude préalable (voir ci-dessous).

SCHEMA : « objectif de profil à atteindre d’après l’étude préalable…On en est très loin !! »

De ce point de vue, les 2 excès dans les interventions à 60 ans d’intervalle (pour évacuer ou pour retenir l’eau) aboutissent finalement au même échec sur le vivant. Dans un cas comme dans l’autre,  l’absence de «  capacités d’accueil »  et «  l’ indice d’attractivité » très faible du ruisseau, donnent un résultat  à l’opposé du « bon état écologique » pourtant  imposé par la loi et par l’arrêté.

Or, ce « bon état », y compris pour la « morphologie » est avant tout défini par des populations piscicoles proches de «  l’état  non perturbé », en « abondance, diversité et classes d’âge ». On est donc une fois de plus très loin de la restauration du  « réservoir biologique », dont la REIGNE, très polluée à l’aval a tant besoin (et reconnue comme tel par l’Agence de l’eau )!!

Ceux qui se déplaceront le 25 mai ne pourront  malheureusement que constater : 

 « la déstructuration d’un ruisseau associé à la création d’une pseudo-zone humide »

et non pas l’inverse comme l’annonce  l’invitation ci-dessous.

Une renaturation à partir de l’existant, en  conservant les parties les plus biogènes, et en limitant donc encore davantage la déforestation n’aurait-elle pas été plus raisonnable ?

D’autant que le bassin de ce ruisseau comporte déjà de nombreuses zones humides, et alors que ses peuplements piscicoles et salmonicoles sont, par contre, de plus en plus réduits et en danger ! L’exemple du ruisseau Notre Dame est bien représentatif de nombreux retours dont on nous fait part sur des travaux dits de ”renaturation” qui oublient l’essentiel, c’est à dire la restauration des paramètres BIOLOGIQUES (et notamment l’élément « poissons »), pourtant seuls garants du fonctionnement du cours d’eau et du « BON ETAT DCE » à atteindre obligatoirement avant 2027.

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