AOP : Des exploitations à « taille humaine » à 1,2 millions de litres ?

L’AOP Morbier a récemment communiqué sur l’avancée de la procédure de révision de son cahier des charges. La presse a relayé la communication, notamment sous le titre « AOP Morbier : « Préserver des exploitations à taille humaine« 

Extrait de l’article de l’Est Républicain du 15 avril 2022 :

« L’idée serait de limiter la production à 1 million 200 000 litres de lait par an, soit environ 170 vaches par exploitation »

Réactions du collectif SOS Loue et Rivières Comtoises

Nous tenons à souligner l’avancée très importante de l’objectif zéro pesticide et du retour progressif à la biodiversité florale des prairies qui sont des points très positifs de cette nouvelle révision du cahier des charges.

Néanmoins, nous ne pouvons que dénoncer la taille limite des fermes, harmonisée sur le futur Cahier des Charges de l’AOP Comté à 1, 2 million de litre de lait par an.  

Cela représente un troupeau de 170 vaches auquel s’ajoute 30 % d’élèves. Cette taille limite introduite dans les futurs Cahier des Charges, qui n’existait pas dans les actuel,  a été ajustée sur les rares fermes qui n’étaient déjà plus dans l’esprit d’une production artisanale revendiquée par les AOP.

De tels cheptels ne permettent pas une exploitation en équilibre avec le territoire.

En effet, des phénomènes de tassement des sols des prairies par le piétinement des animaux viennent s’ajouter au tassement déjà présent par l’usage des lisiers et des engrais chimiques.

Nous rappelons que l’usage des engrais chimiques et des lisiers casse les forces de cohésion des argiles. On constate un transfert des fines vers les rivières de plus en plus importants année après année. Ils ont des conséquences négatives sur les milieux aquatiques.

Les sols déjà très peu profonds de la région partent progressivement vers les rivières, ce qui devrait faire réagir de façon appropriée le monde agricole.

De surcroît, ces amendements superficiels d’azote minéral entraînent le développement d’un enracinement des plantes seulement superficiel au lieu d’être profond. Cet enracinement superficiel entraine le phénomène dit de « paillasson »  qui réduit la pénétration des pluies dans le sol.  

Avec les sécheresses à venir, il sera de plus en plus difficile de produire de l’herbe et du fourrage dans ces périodes.  

Le réalisme pour se préparer de la meilleure manière au changement climatique, aurait été de passer les quatre productions AOP fromagères en agriculture biologique comme le préconise, lors de chacune de ses conférences, l’ingénieur agronome Matthieu Cassez. Des propos à retrouver notamment ci-dessous dans ce reportage de 2019 de France 3 Bourgogne Franche Comté.

La seule adaptation raisonnable qu’on puisse faire, (…) est de baisser le nombre d’animaux pour s’adapter (au changement climatique).

Matthieu Cassez