Le temps des fêtes est souvent celui de l’espoir. L’espoir que l’on met notamment dans la nouvelle année qui vient. Au chevet des rivières comtoises, l’espoir est mince tant les dégâts, année après année, sont considérables. Mais c’est le temps de Noël, alors pour aujourd’hui, voilà un message d’espoir envoyé vers monsieur le préfet. Peut-être le lira-t-il ?
Conte Par JP Herold
La Mouche d’Ornans et le Préfet
La Mouche d’Ornans est une mouche artificielle très prisée par les pêcheurs de la Loue, en particulier pour la pêche des ombres (Thymallus thymallus), espèce emblématique de cette rivière. D’après l’ouvrage de JP Pequegnot, édition de 1984, intitulé « Répertoire des mouches artificielles françaises », cette mouche possède deux ailes en plume légèrement couchées sur le corps, assez longues et serrées l’une contre l’autre, un corps en soie de couleur jaune ou vert ou même rose ou violet. Les ailes sont en plumes d’étourneau ; il faut deux plumes symétriques des deux ailes et leur montage demande un tour de main bien précis.
Cette mouche a été créée par Gérard de Chamberet en 1928 et a donné lieu à de nombreuses variantes. Elle est montée souvent sur des hameçons de la taille n°18 à 14.
Cette mouche est lancée avec une canne légère et un bas de ligne fin, elle représente sur l’eau un subimago de petite éphémère (Ephemerella ignita) le stade qui précède le stade adulte.
Cette espèce était très abondante lors d’éclosions massives sur la Loue avant les pollutions chroniques qui ont provoquées des pertes catastrophiques dans la biodiversité des invertébrés aquatiques et les mortalités de truites et d’ombres en 2010, puis 2011 et 2012, et qui perdurent de façon épisodique souvent après la période de frai des poissons.
L’excès de nutriments, azote et phosphore, provenant des effluents majoritairement d’origine agricole, entraînent des développements d’algues filamenteuses qui colmatent le fond de la rivière et asphyxient les larves des « mouches » , provoquant leur disparition inéluctable. Les canicules et sécheresses 2018, 2019, et 2020 ont aggravé la situation des espèces dépendantes des eaux fraîches.
La Loue était auparavant identifiée comme une des plus belle rivière de France, voire d’Europe, pour la pêche sportive à la mouche, et pour son tourisme vert. Des auteurs célèbres ont glorifié ses gravières blondes et ses nassis ; le tourisme halieutique était développé : la vallée vivait au rythme des éclosions des mouches de mai ! Gustave Courbet a peint la vallée de la Loue et ses falaises , sa rivière et ses truites ! Ornans a maintenant son musée, avec nombre de ses toiles célèbres.
Les Assises de la Loue tenues le 11 octobre 2012 à Ornans ont été la grand’messe qui a permis de poser l’expertise de la dégradation des milieux aquatiques de la Loue.Les pêches électriques dans la haute vallée ont confirmé la perte catastrophique des populations de poissons salmonidés. Les pêches récentes ne détectent pas d’amélioration .On attend avec impatience les décisions pour mettre en place un programme de restauration et des financements pour le réaliser sous l’autorité d’un pilote identifié.
Dix ans après le début de la maladie, le laboratoire de Chrono-environnement et ses hydrobiologistes rend un rapport qui confirme cette dégradation des rivières de Franche Comté.
Le collectif SOS Loue et rivières comtoises a alerté les pouvoirs publics dont le Préfet coordonnateur du Bassin Méditerranée pour que 2021 ne soit pas une année où le classement « en bon état » de la Loue soit encore attribué à une rivière malade par une administration aveugle ! Des soins sont nécessaires !
Le Préfet, qui a la charge des zones karstiques sensibles du massif jurassien, peut déclencher la prise de décisions pour que 2021 soit une année d’actions en faveur des rivières…. un rêve ou une réalité ?
Le rêve que les mouches d’Ornans reviennent en grand nombre dans des eaux pures et que des pêcheurs amoureux de ces rivières reviennent jouer avec les poissons de sport sans prélèvement, enfin une réalité !
Est-ce possible Monsieur le Préfet ?
Pour aller plus loin
Le courrier au préfet
Très bien de vous battre sans hésitation, et de vous adresser là où d’autres n’osent pas, ou ne pensent pas à le faire.
Je suis pêcheur et je suis prêt à ne plus pêcher pour que la rivière reprenne vie . On s’ occupe de la grande barrière de corail de la déforestation de l’ Amazonie mais on ferme les yeux sur les dégâts de la nature qui nous entoure … on est mal placé pour donner des conseils ! Agir pour que à nouveau on puisse se baigner dans l’ eau de nos rivière , ( ce qui ne est pas le cas)ça me parait être une bonne base